Une nouvelle nouvelle [PV Menthys et Plumy]

Je soupirais de bonheur, je revenais d'un rendez-vous avec mon compagnon. Il connaissait la nouvelle désormais. Il l'avait bien pris, ça l'avait rendu heureux... Je lui avais confié mes craintes, j'étais un peu rassurée mais je savais que je ne serais soulagée que quand les chatons seront nés -et encore-. Je serais sûre d'être vraiment tranquille quand ils deviendront apprentis. Car oui, les chatons ne restent pas chatons éternellement. Ils grandissent tous et deviennent guerriers, guérisseurs, chefs, lieutenants, anciens,... Puis pour finir, ils meurent. C'est la vie, on nait, on meurt. Je ne voulais pas penser à ça. Pas maintenant. Pour tout dire, j'espérais qu'il(s) mourraient après moi. Ressassant les pensées noires qui sommeillaient en mon esprit, je me dirigeais discrètement vers le camp. Je me faufilais entre les couchages de mousse de mes compagnons, ils dormaient tous à poings fermés. Je me couchais dans la litière et fermais doucement les yeux pour tomber légèrement dans les bras de Morphée...

Je me réveillais lentement. J'ouvrais les yeux observant les rayons du soleil inonder la tanière. Cette douce lumière me réchauffait, j'émergeais du profond sommeil dont je venais de sortir. Je m'étirais avec la grâce légendaire de l'espèce féline, je me sentais comment dire ? Dans un rêve. J'avais l'impression que tout était rose, que je vivais dans un monde de coton douillet... Mais la maigre pile de gibier me ramena brutalement à la dure réalité. L'automne s'était installé, les champignons poussaient sous les feuilles des sous-bois... La mauvaise  saison commençait, mes petits allaient naître dans la neige... Je soupirais, j'avais pris une énorme décision durant les premières minutes de cette journée : j'allais tout dire à Étoile de Menthe. De toute façon, on ne peut pas ne pas le voir. J'étais de plus en plus grosse. Dans un effort mesuré, je m'extirpais lentement de la tanière. Je saluais les félins que je croisais. Je pris ensuite la direction de l'antre de la meneuse de mon clan. Avec une voix hésitante, je dis :

- Étoile de Menthe ? Je peux te parler ?


J'attendais sa réponse en méditant mon discours...

Lentement je sortis de mon sommeil sans rêve, et m'étirai. Une douce lumière filtrait à travers ma tanière mais le temps était frais. L'Automne était arrivé. Sortant de ma tanière je fus éblouie par le soleil. Il ferait beau, ce ciel sans nuage l'annonçait. Peut-être le temps allait-il se réchauffer un peu avant de refroidir pendant de longues lunes. Dehors le camp était éveillé, la patrouille de l'aube était partit, certains mangeaient, d'autres dormaient encore, et les apprentis, plein de vie, était prêt à partir s'entrainait. Je souris.
Je vis sortir Plume du Temps de la tanière des guerriers. Quelque chose clochait. Elle marchait lentement. Etait-elle malade ? Elle venait ici. Je rentrais dans mon antre m'assis, enroulai ma queue autour de moi et attendis son arrivée. Qu'allait-elle m'annoncer ? Mauvaise ou bonne nouvelle ? Que s'était-il passé ?
Je l'entendis approcher, s'arrêter et demander d'une voix hésitante :
- Etoile de Menthe ? Je peux te parler ?
- Bien sûr entre.
Son regard exprimait sa détermination mais aussi du doute. Elle entra et s'assis devant moi.
- Je t'écoute.
Peu importait la nouvelle, j'étais prête à l'entendre. J'espérai seulement qu'elle soit bonne.

La nervosité devenait de plus en présente. Je respirais comme pour me donner du courage. J'hésitais. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire ? Le nom du père devait-il vraiment rester secret ? J'avais juste envie de partir loin, très loin, et de retrouver Mystère des Oracles. Simplement pour passer le reste de ma vie dans un bonheur parfait, loin de mon caractère névrosé et stressé. Je m'imposais presque à moi-même une pression constante.  Ma vie devenait pénible. Je regrettais presque l'époque où je n'avais pas encore de compagnon. À ce moment, j'étais si calme... Le voix d'Étoile de Menthe me réveilla :

- Bien sûr entre.

Un dernier soupir. J'étais si lasse aujourd'hui. Qu'avais-je donc ? Sûrement la fatigue, après tout, je n'avais dormi qu'une dizaine de minute. J'entrais lentement dans la tanière. Je regardais ma chef les yeux mi-clos. Je réprimais difficilement un baîllement. Le monde rose, douillet de coton avait disparu. L'euphorie de mon réveil était redescendue. Je devrais bientôt arrêter mes rendez-vous avec mon compagnon, je n'avais pas vraiment envie de mourir de fatigue. Puis, Étoile de Menthe reprit :

- Je t'écoute
.
Je n'étais vraiment pas décidée. Mais il le fallait, elle allait de toute façon le savoir. Et si elle le découvrait d'elle-même, sa rage se déferlerait sur moi telle une tornade surpuissante emportant tout sur son passage... Elle n'aimait vraiment pas qu'on lui cache des choses. Je la regardais dans les yeux et avouais :

- C'est-à-dire que... J'attends des chatons, dis-je poussant une fois de plus un soupir

Elle n'avait pas l'air à l'aise, c'était quelque chose d'important et de lourd à dire. Elle hésitait, qu'est-ce qu'elle avait caché ? Semblant se décider elle plongea ses yeux bleus dans les miens, verts et avouai d'une voix rapide :
- C'est-à-dire … J'attends des chatons.
Soupir.
J'avais appris à cacher mes sentiments mais j'avoue avoir été surprise. Elle attendait des chatons ? Je la regardai et vis alors son ventre rebondi. Comment avais-pu ne pas remarquer cela ? Qui étais-je comme chef si je ne voyais même pas qu'une de mes guerrière et surtout ma lieutenante qu'elle attend des chatons !? Puis une autre question se succéda à celle-ci ; Depuis quand ? Et avec qui ? Depuis quand elle le savait et le cachait ? Qui était le père ? Tant de questions, mais il fallait que je garde mon calme. Plume du Temps me regardais les épaules voutaient attendant ma réponse. Que dire ? Que j'étais en colère qu'elle ne me l'a pas dit plus tôt ? Que j'étais contente pour elle ? Elle aurait de jolis chatons, pas moi.
Plongée dans mes pensées, je ne remarquai pas ce silence gênant qui s'était installé. Que dire ? Que répondre à cette révélation ? Je croisais son regard qui fuyait. Je ne voulais pas la mettre dans l'embarras, mal à l'aise.
- Bien. Tu attends donc des chatons, Dis-je d'une voix calme ne laissant rien transparaitre. Qui est l'heureux élu ?
Sa réponse fut lente à venir. Elle cachait quelque chose.

Je la vis soupirer. Avais-je eu raison de lui dire ? Je n'en savais rien à l'heure actuelle. Son regard évasif laissait penser qu'elle ne savait pas comment réagir. Qu'aurais-je dis à sa place ? J'aurais sûrement demandé le nom du père. J'ai beau paraître discrète, je suis une vraie mêle-tout. J'adore savoir ce qui se passe, la curiosité est un vilain défaut, malheureusement, j'en suis gravement atteinte. Elle ne répondait pas. J'imaginais le cataclysme qui avait du s'installer dans sa tête sous le choc que lui avait causé la nouvelle. J'entendais presque son cerveau bouillonner à cause de la terrible réflexion que je lui imposais.

Le silence demeurait dans l'antre d'Étoile de Menthe. Une gêne s'installait au fur et à mesure que les minutes passaient. Était-elle jalouse ? Après tout, cela se pourrait. Elle n'avait pas de compagnon et, sans compagnon, pas de chatons. Je réfléchis puis me dit que ce n'était pas de son genre de penser de la sorte. Elle rompit le silence lourd et pesant :

 - Bien. Tu attends donc des chatons,  Qui est l'heureux élu ?

 Je pris une profonde inspiration : j'aurais dû réfléchir à cette question plus tôt. J'y avais pensé sans pour autant méditer à la réponse. Qu'allais-je lui dire ? Je choisis de rester évasive. Si elle voulait un nom précis, je lui dirais. Ou pas. Je la regardais dans les yeux et dit après un énorme temps d'hésitation :

- Euh... C'est-à-dire que... Je ne pense pas vraiment que ce soit une bonne idée de le dire mais...

Je laissais ma phrase en suspens pour voir sa réaction.

Elle prit une nouvelle inspiration. Elle me regarda dans les yeux et après hésitation elle bredouilla :
- Euh… C'est-à-dire que … Je ne pense pas vraiment que ce soit une bonne idée de la dire mais …
Elle s'arrêta là, laissant sa phrase en suspense. Mais … Mais quoi ? Pourquoi ne voulait –elle pas le dire ? Au fond je le savais mais je refusais de l'admettre. Cela ne pouvait pas être possible ! Ma lieutenante n'aimait pas un chat quoi faisait partit d'u autre Clan ? Et pourtant sa réponse voulait dire cela. Qu'est-ce qu'elle avait fait ! Que va dire le Clan ? Si on ne donne pas de réponse sur le père de ces chatons le Clan va se poser des questions ! Moi la première.
Je hochai lentement la tête, penseuse.
- Au non ce n'ai pas une bonne idée de la dire et je crois que je ne veux pas le savoir. As-tu seulement pensé à la suite ?! A tes actes ? Des fois je ne te comprends pas, Plume du Temps. Que va-t-on dire ? Tu y as pensé à ça ?! Dis-je en montant la voix.
Je marchai, la queue fouettant l'air. Il fallait qu'elle comprenne, même si je pense qu'elle s'était déjà posé la question. Mais le faire c'est une chose, assumer en ai une autre. D'autres chats auraient quitté le Clan pour cela, elle non. Je me rassis et enroulais la queue autour de mes pattes. Mais tu es quand même venue me voir pour me prévenir, rajoutai d'une voix plus douce, tu es quand même venu avouer et assumer, et j'apprécie ton courage. Mais je ne peux pas te laisser sortir sans qu'on ai une solution …
Elle me regarda, puis baissa la tête.

J'avais peur. Allait-elle mal réagir ? Et si... ? Si elle me rétrogradait ? Si elle ne voulait plus de moi en tant que lieutenante ? Si elle m'expulsait carrément de la Tribu ? Je ne voulais pas perdre ma place, quoi que ? Si elle me virait de la Tribu de l'Air, je pourrais alors rejoindre la Tribu des Ténèbres et vivre une vie parfaite élevant mes chatons avec leur père... Quel paradis. Mystère des Oracles, ma portée, moi, toute la famille réunie. Le rêve. Seulement, il y aurait le regard des autres et je savais qu'il était dur et lourd à supporter...

Étoile de Menthe s'énervait. Comment ne pas la comprendre ? Apprendre que sa lieutenante bafoue le code du guerrier au point d'avoir un amour inter-clan, c'est quand même un gros choc. Elle n'y croyait presque pas. Dans ses yeux, je voyais de l'incompréhension, de la colère,... Tous ces sentiments ne faisaient qu'augmenter mon stress intense. Elle me regarda et dit sur un ton grondant :

- Au non ce n'ai pas une bonne idée de la dire et je crois que je ne veux pas le savoir. As-tu seulement pensé à la suite ?! A tes actes ? Des fois je ne te comprends pas, Plume du Temps. Que va-t-on dire ? Tu y as pensé à ça ?!

Au moins, elle ne voulait pas connaitre le nom du père. C'était peut-être une bonne chose. Elle me disputait comme si j'avais à peine deux lunes ! J'avais quand même conscience de mes actes ! Je suis une adulte responsable ! J'y avais beaucoup pensé et j'avais jugé que l'amour était plus important que ce que l'on pensait de moi. La voix de ma chef se radoucit un peu avant qu'elle ne dise :

Mais tu es quand même venue me voir pour me prévenir, tu es quand même venu avouer et assumer, et j'apprécie ton courage. Mais je ne peux pas te laisser sortir sans qu'on ai une solution …

La peur au ventre, je baissais les yeux de honte. Allait-elle vraiment m'expulser ? Si elle le  faisait, la Tribu des Ténèbres allait-elle vouloir de moi ? Je relevais la tête et dis :

- Désolée Étoile de Menthe. Mais l'amour est plus fort que la raison. Quelle que soit la décision que tu prendras, j'espère qu'elle sera bonne.

Elle releva la tête et dit :
- Désolé Etoile de Menthe, mais l'amour est plus fort que la raison. Quelle que soit la décision que tu prendras, j'espère qu'elle sera bonne.
Génial. Que faire ? L'expulser ? C'est une option. Mais c'était avant tout ma lieutenante et ma meilleure amie. Je ne connaissais rien à l'amour. Mentir est la seule façon de s'en sortir. On dira que le père était un chat sauvage et qu'il est mort. Etait-ce la bonne décision ? Je ne savais pas. Je savais plus quoi faire ces dernier temps. Qu'aurait faire Etoile de Guépard ? Je ne sais pas. Je tournai en rond ma queue fouettant l'air révélant mes tourments cherchant quelle était la bonne décision. L'expulser ? La garder ? La première option n'était pas la bonne. La bannir du Clan alors que l'hiver approche et qu'elle attend des chatons ? Ce serait l'envoyer vers l'abattoir. Je m'arrêtais et la regardais. Etais-je sans cœur ? Non, elle restera ici, mettras bas dans notre pouponnière. La réponse était la deuxième, c'était sur, il n'y avait pas de troisième option. Je miaulai :
- Je ne te bannirai pas du Clan. Je ne pourrais pas. Si on te demande qui est le père tu répondras qu'il est mort, que c'était un chat sauvage. Je n'aime pas mentir au Clan mais il n'y a pas d'autre échappatoire, alors ne me trahit pas encore une fois. Tu dormiras désormais dans la pouponnière.
Je soupirai et la regardai. Oui j'avais fait le bon choix.

Je stressais. Remuant la queue nerveusement, de haut en bas, de droite à gauche, fouettant le sol rageusement. Elle n'allait pas m'expulser, elle n'était pas assez cruelle. Enfin, elle ne l'était pas du tout, ou pas. Je ne savais plus où j'en étais. En tout cas, j'étais dans une situation très délicate. Les amours inter-clans ne sont jamais facile à cacher, surtout quand des chatons sont en jeu. Si elle me mettait dehors, ce qui était peu probable, j'irais, ce soir, au champ fleuri pour annoncer la nouvelle à Mystère des Oracles. Peut-être qu'il trouverait une solution... Quelle idée... Je regrettais presque l'amour que je lui portais. Il m'avait déjà emmené dans des situations délicates mais jamais autant. La gêne pensante me stressait plus que tout. Ma chef jouait aussi avec sa queue, brassant et fouettant l'air environnent. Enfin, elle prit la parole :

- Je ne te bannirai pas du Clan. Je ne pourrais pas. Si on te demande qui est le père tu répondras qu'il est mort, que c'était un chat sauvage. Je n'aime pas mentir au Clan mais il n'y a pas d'autre échappatoire, alors ne me trahit pas encore une fois. Tu dormiras désormais dans la pouponnière.

Elle me regarda et soupira. De mon côté, je fis de même. J'allais pouvoir rester ! J'étais soulagée mais son ton m'inquiétait. Elle me faisait confiance et je l'avais trahie. Je ne me le pardonnerais pas de sitôt. Je l'avais lamentablement trahie. Trahie. Trahie. Ce mot me hantait. Il résonnait en moi comme bourdonnait une abeille au dessus d'une fleur. L'amour est plus fort que la raison. Mon amour pour mon compagnon avait tué Plume Scintillante. En plus de trahie, regrets me tournait dans la tête... Je regardais ma meneuse :

- Merci...

[RP fini ?]