Une rencontre profiteuse [PV : Plume du Temps ]

Je me baladais sur mon territoire... je vérifiais que tout allait bien, que personne n'était venu nous rendre une petite visite. La journée s'annonçait belle, le ciel était bleu, l'herbe moelleuse. Une petite brise soufflait et faisait bouger lentement chacune des feuilles des arbres. Les oiseaux chantaient, accueillaient chacun de mes pas. J'avançais, déterminé comme jamais. Je ne me doutais pourtant pas que j'allais peut-être trouver un début d'ouverture... et il arriva.
J'entendis derrière moi un craquement. Je me retournai d'un seul coup. Mon coeur battait la chamade. Un chat sortit des buissons. Je le regardai de travers. Une chatte. Elle n'était pas de mon clan. Son odeur étrangère m'emplissait les narines. Le clan du vent. Je l'identifiai rapidement et pus mettre un nom sur son visage. Plume du Temps. La lieutenante. Je crachai. Que faisait-elle là ? Je m'apprêtai à lui sauter dessus.... je fléchis les pattes, bondis. Je retombai sur son dos. Quand je l'eus enfin plaqué contre terre, je lui demandai :
- Que fais-tu ici, sac à puce ?! Tu vas retourner d'où tu viens et rapidement ! Tu n'as rien à faire là !
Je lui assénai un coup de griffes brutal et la relâchai, estimant qu'elle avait assez reçu. Mais j'étais prêt à recommencer si je le devais. Je m'assis en face d'elle, attendant. Je rajoutai :
- Avant de partir, tu vas me dire ce que tu fais là, truie.




A FINIR

Je marchais la mort dans l'âme. Plume Scintillante était morte. J'avais perdu une de mes meilleures amies, et par dessus-tout, ma sœur. Je ne l'avais appris que très récemment : ma mère était Étoile de Miel, mon père un inconnu, Petite Houx ma toute petite sœur et Scinty, ma sœur de toujours qui venait de partir juste hier. Incarnation du Passé l'avait poussé dans l'eau du torrent. Elle s'était noyée, quelle mort affreuse. Son meurtrier, cette ordure de la pire espèce, cette charogne du charnier, ne resterait pas impuni. Non, un jour je le retrouverais et je lui ferais la peau. Je lui arracherais les poils touffe par touffe puis, je l'éventrerais et le laisserais pourrir sur place au milieu des crottes de renard. La haine s'emparait de moi à chaque fois que je revoyais le visage de Scinty : elle se débattait mais elle connaissait son avenir, on ne sort pas du torrent après y être tombé. D'autant plus que si Mystère des Oracles n'avait pas été là, j'aurai sûrement subi le même sort qu'elle, le criminel voulait me pousser dans les eaux sauvages du torrent. J'en connais un qui aurait tout perdu alors : sa compagne et ses futurs chatons. Car oui, notre projéniture se trouvait toujours dans mon ventre.

Il faisait beau. Je marchais jusqu'où mes pattes me portaient, c'est-à-dire au-delà de le frontière avec le Clan de la Rivière. Je ne savais pas pourquoi je la violais mais je sentais que je devais le faire. Je l'avais senti, le chat du Clan de la Rivière. Puis je le vis. C'était Mythe Démoniaque, le nouveau lieutenant. Des bruits courraient sur lui comme quoi il était le diable en personne depuis la mort de sa compagne. Le pauvre. Sans que je n'eu le temps rien dire il me sauta dessus et me plaqua au sol :

- Que fais-tu ici, sac à puce ?! Tu vas retourner d'où tu viens et rapidement ! Tu n'as rien à faire là !

Je n'aimais qu'on me traîte de la sorte, mais alors pas du tout. Pourtant, j'obéissais à ma nature pacifiste qui me disait de négocier. Mais il m'asséna un coup de griffe puis me relâcha. Il s'assit et dit :

- Avant de partir, tu vas me dire ce que tu fais là, truie.

Moi ? Une truie ? D'accord, j'avais un peu grossi mais c'était normal !

- Alors tu vas m'écouter très attentivement, un, je porte la descendance de l'espèce féline alors un peu de respect dis-je en indiquant mon ventre gonflé Deux, je n'avais pas vu que j'avais franchi la frontière

- Alors tu vas m'écouter très attentivement, un, je porte la descendance de l'espèce féline alors un peu de respect, deux, je n'avais pas vu que j'avais franchi la frontière.
Elle avait dit cela en montrant son ventre, qui en effet était plus gonflé que lors de l'assemblée précédente. En l'observant plus attentivement, je lui trouvais un point d'élégance. Devant cette chatte grise, avec ses yeux turquoises et son ventre garni de petits félins, le bout de ses pattes blanche... je m'attendris. J'imaginais ma compagne si elle était à la place de Plume du Temps. Qu'elle serait jolie...
Je laissai échapper un soupir. Je restai encore quelques longues minutes sans rien dire, sans rien voir ni entendre... mais à penser. A me rappeler ma si belle amie que j'aimais tant... Espoir D'Amour, s'appelait-elle ! "Quel beau nom, n'est-ce pas ?", pensai-je en mon for intérieur. Je me rendis soudain compte que je n'avais pas écouté la lieutenante du clan du vent. M'avait-elle dit quelque chose ? Je n'aurais su dire. Je secouai la tête et la regardai avec des yeux ronds, comme pour lui dire que je n'avais rien compris. Voyant qu'elle attendait quelque chose, je dis :
- Euh.. excuse-moi, tu as parlé ?
Je me sentis bête. Ce n'était pas un bon boulot de la part d'un lieutenant ! J'essayai d'écouter attentivement la femelle, mais je n'y arrivais pas. J'avais songé à Espoir D'Amour. Je ne pouvais plus m'en sortir. J'étais condamné à penser à elle jusqu'à ce soir.

Elle courait. Elle gambadait au milieu du paysage vert, souriant, riant. Elle était heureuse. Je la poursuivais, moi aussi, l'air joyeux. Je tenais d'elle ce plaisir pour la course, car avec Espoir D'Amour, tout était contagieux. Sa joie, autant que ses goûts. La rattrapant, je lui sautai sur le dos et la plaquai contre terre. Je lui léchai derrière l'oreille, elle adorait cela. Elle poussait un petit grognement de joie. Je ris. Elle se retourna, m'envoyant valser à deux queues de renard d'elle. Elle me regarda. Jamais je n'oublierai ce regard. Celui plein d'amour, de bonheur.

La haine envahit mon corps. Je la sentais bouillonner dans mon sang, mes veines. Mes pattes malaxaient le sol, laissant des traces de griffes. Je devais savoir qui était la cause de sa mort.
Je repris mes esprits en pleurs. Honteux, je tentai de les essuyer le plus vite possible, je ne voulais pas que la chatte grise me voit dans cet état là. A vrai dire, j'appréciais cette idée qu'on avait de moi. Le Diable. Cela sonnait juste.

[désolée, c'est déjà un peu plus long que celui d'avant, mais l'inspi n'était pas trop là du coup... c'est pourri ! x) ]

Quelques feuilles volaient dans le ciel. Elles étaient teintées d'or, de rouge et de marron. Elles étaient si jolies... Elles me faisaient penser aux yeux de Plume Scintillante quand elle pleurait. J'étais toujours là, alors, pour la consoler. J'aimais tant nos courses dans la forêt quand elle était Nuage Scintillant et moi Nuage du Temps. Nous étions complémentaires comme la nuit et le jour, l'eau et la terre, les Clans et la forêt... J'ai perdu ma seule membre de ma famille dans mon clan. Désormais, j'étais seule. Je devais affronter seule les regards accusateurs qui portaient sur mon ventre. Qui pouvait bien être le père ? C'était là l'objet de toutes les questions en ce moment. Beaucoup de rumeurs -bonnes ou mauvaises- tournaient sur le père. Certaines racontaient que c'était un solitaire, d'autres un chat du clan qui ne voulait pas se dénoncer et une dernière, racontait que c'était un chat d'un autre clan. Il y en avait encore une. Celle-là, je faisais de mon mieux pour la nier mais j'avais peur que cela ce voit, qu'elle était vraie. Elle racontait que le père était voyant.

Mon ennemi, enfin, le chat qui se trouvait en face de moi, n'écoutait en rien ce que je lui racontais. Son regard était fixe et rêveur... Un doux sourire se posait sur son visage tel un papillon. Peut-être un morpho bleu ? C'était si joli !  Ces grandes ailes d'un bleu nacré, elles brillaient dans le reflet de la lumière du soleil. Je n'en avais vu qu'une fois, je n'étais alors qu'un chaton. Il s'était posé sur mon museau puis il était reparti. J'avais trois lunes. J'en ai seize maintenant. Mythe Démoniaque avait l'air nostalgique quand il me dit :

- Euh.. excuse-moi, tu as parlé ?

En plus, il ne m'écoutait pas ! Mais là, à la lueur qui dansait dans ses yeux, je devinait que je le faisais penser à quelqu'un :
 
- À qui est-ce que je te fais penser ?